1) Achat au souk
23 avril 2015, Brahim et moi sillonnons le souk Had Draa de la région d'Essaouira, à la recherche de notre perle ; notre 1er cheval. Rêve de gamins pour nous deux, on est très exigeants. Nous recherchons un cheval jeune, en bonne santé et avec un bon mental. Pas évident au souk, car les chevaux sont vendus sans papier, on ne peut rien savoir d'autre que ce que nous observons sur place. On regarde les dents pour évaluer l'âge, on regarde les pieds, les déplacements du cheval, ses réactions. Sachant que certains chevaux sont épuisés par leurs voyages, ils font parfois plusieurs souks sans repos. Certains peuvent même être drogués. Tout est possible.
Les chevaux les plus robustes et ayant une belle allure sont en général sélectionnés pour la fantasia.
Les autres sont pour la plupart achetés pour tirer des calèches et quelques rares ont la chance de devenir des chevaux de loisirs.
La journée passe, on croise de beaux spécimens mais qui sont parfois trop chers, parfois trop vieux, parfois avec un vice. On perd espoir. Peut-être que notre cheval ne se trouve pas ici... Puis, à la fin de la journée, Brahim revient vers moi et m'annonce : j'ai trouvé.
Le cœur battant, je vais voir l'heureux élu. 1re déception : c'est un cheval gris, à la crinière rasée. Je rêve tellement de belles robes comme l'isabelle, le palomino, etc. Bon, ok, la couleur, ce n'est clairement pas le plus important. Brahim grimpe sur le dos du cheval, à cru, en licol. Le cheval ne semble pas perturbé, il répond aux aides. Il semble avoir 3 ans, d'après sa dentition. Ses membres sont corrects, c'est un jeune cheval encore "vert". Affaire conclue. Nous voici avec notre cheval, la corde en mains.
Je n'arrive pas à réaliser. Je l'observe, j'essaie de m'y attacher. Durant cette première journée, je ne me sens pas particulièrement convaincue, un peu méfiante et critique même, peut-être une peur enfouie de me réveiller et d'être déçue ?
On marche le long de la route. Le cheval suit tranquillement, il n'est pas stressé, il avance bien, il répond bien. Probablement épuisé par les nombreux souks qu'il a dû faire avant d'atterrir entre nos mains. Notre ami chauffeur, Mohammed, arrive et notre cheval est embarqué dans un pick-up. Au Maroc, les chevaux sont transportés à l'air libre, attachés par des cordes au licol et sécurisés par des ballots de paille placés contre les parois, comme sur la photo suivante (photo qui date de 2016)
Le trajet se passe bien. Brahim m'annonce qu'il veut appeler ce cheval Saphir, en mémoire d'un cheval qu'il aimait particulièrement. Après 3h de route, on arrive dans notre village, à Imi Ouaddar. Saphir est mis dans un abri, où étaient autrefois des moutons et chèvres. Il est au frais et protégé. Malheureusement il est dans l'obscurité et ne peut pas voir à l'extérieur.
2) Coup de cœur
Toujours très mitigée, le lendemain, nous allons voir Saphir. Mais au moment de le brosser, précisément au moment de lui curer les pieds, je vais tomber complètement amoureuse de ce cheval. J'essaie premièrement, avec franchise et fermeté, de prendre son pied. Il refuse. Je caresse alors son pied et je lui demande poliment. Il me le donne.
Coup de foudre.
Comment vous expliquer ? J'ai compris que ce cheval était d'une intelligence incroyable, d'une sensibilité terrible et d'une justesse dingue. Je me retourne vers Brahim et je lui dis : "c'est bon, c'est le cheval de mes rêves."
Nous lui mettons une selle, une bride avec mors simple et nous sortons dans le village. "Bismillah" dit Brahim en mettant le pied à l'étrier, et hop, le voilà sur son dos. Sans aucune autre manipulation ni préparation à pied du cheval et surtout sans aucune crainte ni pensée négative. L'assurance de Brahim m'impressionne.
Il fait un tour en selle avec Saphir, sans problème. Rênes longues, légèrement en avant, une corde à la main en guise de cravache/stick.
Ensuite il revient vers moi et me dit sans aucune hésitation dans la voix : "à toi maintenant". Je mets le pied à l'étrier. Et avec douceur, j'effectue une rêne d'ouverture. Saphir s'oppose, il part dans l'autre sens. Etrange. C'est vrai que Brahim le montait rênes longues, donc principalement en utilisant son corps. Je tente alors intuitivement de le pousser dans la direction souhaitée, en plaçant ma main sur son encolure. Il répond et suit le mouvement. Incroyable. Je dirigeais donc ce petit étalon avec la paume de mes mains. C'est certain, ce cheval est un bijou.
4) Education, débourrage et difficultés
(À venir)
5) Notre absence et placement de Saphir
(à venir)
6) Retrouvailles
(à venir)
7) Nouvelles absences et nouvelles retrouvailles
(À venir)
7) Saphir, aujourd'hui !
(à venir)
8) Témoignages de randonneurs
(à venir)
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